Joliebulle, c'est aussi un p'tit livre de recettes qui vient de sortir.

Une histoire de défiance

2019-07-12

Il y a quelques semaines, j’ai reçu un mail d’un utilisateur d’une version de Joliebulle datant de 2013.

Son logiciel ne marchait plus depuis une mise à jour de MacOS, et il se demandait si j’avais désactivé sa copie de Joliebulle à distance pour forcer l’achat de Joliebulle 4.

Mon premier réflexe a été de ricaner. Joliebulle 3.3 était un petit logiciel bien rustique, et honnêtement à l’époque je n’aurais pas eu la compétence d’inclure une telle fonctionnalité.

Mais cette histoire n’est pas drôle du tout. Elle montre à quel point nous sommes tous habitués au pire en matière de logiciel.
Notre confiance a été soigneusement sapée par la plupart des acteurs du milieu, quelle que soit leur taille, depuis le début des années 2000.

On pense évidemment aux abus de position dominante de certains gros acteurs en situation de monopole, à l’usage de la télémétrie à outrance, à l’émergence des GAFA et des pratiques douteuses en matière de vie privée. Mais il y a aussi un ensemble de mauvaises pratiques du côté du logiciel libre, ou du côté des distributions Linux qui ont pris l’habitude de tripatouiller sans vergogne les logiciels délivrés .

Bref. Dans ce contexte un peu délétère, j’apprécie les éditeurs qui tissent un lien de confiance dans la durée, qui prennent le temps d’expliciter leur démarche, qui intègrent les intérêts des utilisateurs dans leur vision.

J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer publiquement sur le sujet et je vais donc radoter un peu : je préfère maintenant utiliser un logiciel propriétaire indépendant plutôt qu’un logiciel libre développé de façon nébuleuse et/ou via une grosse firme.
Je fais plus confiance à une petite équipe directement redevable de ses actes (par exemple en matière de respect de la vie privée) même si le logiciel est propriétaire, par opposition à un logiciel libre développé au sein d’une grosse structure où les responsabilités sont diluées (l’expérience montre que des développeurs parfaitement fréquentables sur le plan individuel n’hésitent pas à collaborer à des projets très douteux sur le plan éthique, pourvu que tout ceci se déroule au sein de la structure hiérarchique d’une grosse firme tech).

Ça n’enlève rien à l’importance du logiciel libre mais c’est maintenant, de mon point de vue, un point parmi d’autres à prendre en considération.

Pendant longtemps, nous nous sommes contentés de l’ouverture du code et d’une forme de légalisme qui consistait à scruter le texte des licences.
«Après tout, ils ont le droit, la licence l’autorise».
Cette petite ritournelle a permis de faire passer des trucs bien crades.
Ça ne me convient pas, je suis content de ne jamais m’être engagé sur cette voie avec Joliebulle, et c’est ainsi que je vais continuer.